J’ai signalé (page 212) que certains chercheurs (dits fondamentalistes) tentent d’établir que les contradictions qui opposent les quatre évangiles (et les autres livres du Nouveau Testament) ne sont qu’apparentes.
Un lecteur me demande détails et références.
Il peut consulter Il a souffert sous Ponce Pilate de Vittorio Messori, François-Xavier de Guibert, 1995.
Voici la solution à la première des contradictions qu’examine ce livre.
Il s’agit de la mort de Judas personnage qui est mort de deux façons très différentes.
D’après l’évangile selon Matthieu, Judas « s’en alla se pendre » (Matthieu 27,5).
D’après le livre des Actes des Apôtres, « tombé la tête en avant, il a crevé par le milieu et toutes ses entrailles se sont répandues » (Actes 1,18).
Laissons la parole à Messori: « Examinons de près, alors, en commençant par les deux versions de la mort. Versions qui en réalité, pour beaucoup, ne se contrediraient pas, mais se compléteraient. En est convaincu, entre autres, Joseph Ricciotti, l’illustre exégète auteur d’une « Vie de Jésus-Christ » parue pour la première fois en 1941, mais qui compte encore aujourd’hui parmi les plus autorisées et les plus répandues. Elle dit: « De la fin de Judas nous avons une double relation avec des divergences intéressantes qui ont une valeur particulière pour confirmer l’identité substantielle du fait. Matthieu ne parle que de la pendaison. Luc, au contraire, a conservé la tradition selon laquelle Judas « est tombé la tête la première, a éclaté par le milieu en répandant toutes ses entrailles. » Ricciotti continue: « Les deux relations semblent se rapporter à deux moments divers du même fait: d’abord Judas se pendit, puis la branche de l’arbre ou la corde à laquelle il était pendu se rompit, peut-être par les secousses convulsives, et alors le suicidé fut précipité en bas. » Et donc, conclut le fameux exégète, « il serait légitime d’imaginer que l’arbre se trouvait sur le bord de quelque ravin, en sorte que la chute ait produit sur le corps du suicidé les conséquences, dont parle la relation de Luc dans les Actes. » » (“ il a souffert sous Ponce Pilate ”, page 30).
Personnellement, je trouve qu’un trésor d’imagination est déployé pour torturer les textes afin de leur faire avouer ce qu’ils n’ont jamais voulu dire. Les quelques pages suivantes où Messori développe et amplifie l’idée ne font que confirmer ma première impression.
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